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A Goma, le gouverneur du Nord Kivu serre la main à la survivante d’Ebola. Photo: Congo Synthèse.

La stigmatisation des vainqueurs d’Ebola

Plus de 3200 personnes ont déjà contracté le virus Ebola à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). C’est depuis le 1er Août 2018 que le ministère de la santé a annoncé cette épidémie.

Jusqu’ au 7 Octobre 2019, le bulletin sur la situation épidémiologique signale 2140 décès d’Ebola et plus de 1000 personnes guéries. Mais comment vivent les vainqueurs d’Ebola ? Comment les communautés les accueillent?

Dans la zone de santé de Oicha en territoire de Beni, les avis de la population divergent au sujet des survivants de la maladie à virus Ebola. Pour certains, il faut éviter ces personnes parce qu’elles peuvent contaminer leur entourage, mais pour d’autres, les survivants d’Ebola ne sont pas un danger pour la communauté.

« Nous restons avec eux depuis qu’ils sont revenus du Centre de Traitement d’Ebola (CTE), mais nous restons prudents par ce que nous pensons qu’ils peuvent transmettre la maladie. Nous ne sommes pas convaincus qu’ils sont complètement guéris », se défend un jeune homme voisin à un survivant d’Ebola à Oicha.

Nombreux parmi les habitants de la zone de santé de Oicha avaient la même conviction au départ. Cependant, grâce à la sensibilisation que mène les équipes de la riposte contre Ebola, cette manière de penser disparaît progressivement.

« Personne ne pouvait les approcher quand ils sont revenus du CTE, nous avions même peur de les toucher. Mais depuis que nous avons été sensibilisés par les agents engagés dans la riposte, il n’y a plus rien à craindre », raconte pour sa part une femme qui travaille avec deux survivants d’Ebola.

Les vainqueurs d’Ebola en milieu scolaire

Il en est de même pour certains enseignants. Ils ont eu peur de leurs élèves qui ont été au CTE. La réinsertion des survivants était difficile, mais les séances de sensibilisation en milieu scolaire ont permis de briser le mythe sur les personnes guéries d’Ebola.

« J’ai vécu avec une écolière sortie du centre de traitement, je l’ai enseigné l’année passée. Au début quand on l’a ramené à la classe, j’ai frissonné. J’avais tellement peur que je ne pouvais l’approcher. C’est effectivement par ce que je n’avais aucune information sur les vainqueurs d’Ebola. Actuellement ce n’est plus le cas. Nous avons passé toute une année ensemble sans problème. Même ses condisciples de classe ont continué à s’approcher d’elle sans aucune discrimination », témoigne un enseignant d’une école primaire.

Madame ANGWANDIYA OMBARO est l’une des survivants de la zone de santé d’Oicha. Elle affirme que lors de son retour dans sa communauté, ses voisins l’ont rejeté. Même des moqueries, elle en a été victime. Toutefois, depuis qu’elle sensibilise, elle-même, les membres de sa communauté sur la maladie à virus Ebola, les gens ont corrigé leur attitude vis-à-vis d’elle. « Quand je suis revenue du centre de traitement avec ma mère, les gens avaient très peur de nous, ils ne voulaient même plus nous approcher, ils pensaient que nous allions les contaminer. Cela m’a poussé à faire une ronde dans le quartier. J’allais dans chaque parcelle pour leur dire que je suis déjà guérie et qu’ils ne doivent plus avoir peur de moi. C’est comme ça que les gens commencent à venir vers moi », se rappelle-t-elle.

L’accompagnement psychologique

Le psychologue Gerlance Siwako est président de la sous-commission psycho-sociale de la riposte contre Ebola en zone de santé de Oicha. Selon lui, les assistants psycho-sociaux font le suivi régulier des personnes guéries d’Ebola. Les spécialistes accompagnent les personnes guéries dans leurs familles respectives et facilitent pour que les survivants soient acceptés dans leurs communautés. A côté du suivi psycho-social, les vainqueurs d’Ebola reçoivent une ration alimentaire et des habits à la sortie du CTE.

À la fin il faut comprendre que les personnes guéries sont des êtres humains. En plus, elles ne peuvent jamais plus contaminer d’autres. Cela permet à la communauté de ne plus avoir peur des vainqueurs d’Ebola.

MUHINDO SIVULYAMWENGE Jackson