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La cartographie de la province du Sud Kivu. Photo: CAID.

Surmonter la peur

Chantal NAMASOSO de la tribu des Bamunyamulenge a hésité de participer à l’académie des femmes que le Réseau d’Innovation Organisationnelle (RIO) organise chaque année à Bukavu, dans le cadre du programme, service civil pour la paix (SCP).

Chantal NAMASOSO craignait que Marie MULASI, une femme de la tribu des Babembe pourrait la massacrer. Une telle méfiance est une conséquence des conflits interethniques.

Des conflits de plusieurs décennies secouent le territoire de Fizi en province du Sud-Kivu à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Ces conflits opposent la coalition des ethnies des Bafuliro, Babembe et Lega à l’ethnie des  Banyamulenge. Les deux parties s’affrontent depuis des années au point de faire plusieurs victimes.

Pendant la séance d’échanges qui porte le nom d’académie des femmes, le  RIO apprend aux participantes des stratégies de résolution pacifique des conflits dans leurs milieux. Ces participantes sont des femmes leaders qui viennent de tous les territoires du Sud-Kivu et d’autres provinces du pays où sévissent des  conflits. Ici nous pouvons citer par exemple le Nord-Kivu et  l’Ituri. Les deux femmes, Chantal NAMASOSO et Marie MULASI, qui ont été hésitantes au début ont été persuadées et enfin elles ont décidé de  prendre part à l’atelier.

La surprise

Chantal NAMASOSO, mère d’un enfant, veuve de son état dit: « Quand j’ai reçu l’invitation j’ai eu peur car Marie m’a dit qu’elle était aussi invitée. J’ai cru que c’est Marie qui a tout planifié pour me faire massacrer. Quand je suis arrivée, Marie m’a accueilli. Ma première nuit, j’avais toujours peur. Mais le matin je me suis réveillée vivante. »

A son tour, Marie MULASI raconte: « J’ai été étonnée d’apprendre que Chantal avait déjà peur de venir participer à l’atelier. Mais je comprends son attitude parce que nous vivons actuellement chez-nous à Fizi avec beaucoup de difficultés. Mais Chantal, ses frères et sœurs Banyamulenge doivent savoir que tout Mubembe n’est pas tueur, comme tout Munyamulenge n’est pas égorgeur non plus ».

Après les 4 jours de l’atelier, Chantal et Marie ont fait route ensemble jusqu’à Baraka, leur cité de résidence.

Gisèle BAGHENI, journaliste.