Comment choisir un partenaire selon les apparences physiques ? Cette question est au centre d’un échange fructueux entre 30 jeunes dont 14 filles à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu à l’Est de la République démocratique du Congo (RD Congo).
Cette rencontre a pris la forme d’un espace des témoignages vrais qu’ont ces charmants pour vivre individuellement une amitié. Invité, un psychologue appelle les jeunes à la fierté et la considération pour mieux jouir de leurs « look ».
Tout se réfère à l’émission Mazungumuzo ya Vijana qui portait sur : « Les mythes autour de l’apparence physique ».
Cette séance se déroule devant une maison d’habitation érigée dans un enclos privé sous quelques arbres. Les participants sont assis sur un banc et d’autres sur des pierres dans le respect de distanciation sociale pour se protéger du Coronavirus. D’entrée de jeu le sujet est annoncé sous des acclamations rythmées aux cris « Jeune S3, Santé, Sexualité et Sécurité », un projet du CORACON. Un magazine préenregistrée est écoutée attentivement durant trente minutes pour attirer l’attention de ces jeunes membres de l’association « Réflexion pour un Congo Meilleur »(RCM). L’objectif est de conscientiser les jeunes sur l’appropriation personnelle des traits physiques qui influencent dans l’admiration et le choix d’un(e) ami(e) dans la jeunesse et les amener d’avoir une décision éclairée dans leur relation.
Le débat commence avec la facilitatrice Euphrasine KIKOBO la vingtaine souriante. Elle se réfère sur elle-même considérant son look général dont sa jupette bleue ciel, blouse blanche rayée-rayée, haut talon, foulard noir à la tête dont le visage est brun. Qui peut, dit-elle chez les garçons, être appelé « beau » ou « belle » chez les filles ou autrement, comment me voyez-vous?
Les critères appréciations d’un conjoint
Diallo BAKOMEZA, choco de teint, bien vêtu en pantalon et T-shirt blanc se lance. Il dit avec un peu d’hésitation qu’il ne peut confirmer ou nier les préférences de la beauté de celle-ci. Car dit-il : « Je peux dire que tu n’es pas belle et pourtant mon ami qui te choisira peut par la suite venir te présenter que tu es belle. Selon mon choix, la fille à aimer doit avoir un teint plus brun que moi, mince, bref qu’elle soit d’aspects modérés à tous les niveaux . « La plus belle de mon choix doit être bien battue (masse physique de corps), elle doit savoir dorloter, bien m’encadrer, être fidèle à moi », conclut-il.
Esther ZAWADI, une femme un peu brune, mince et de taille moyenne : « Je n’aime pas un garçon gras mais plutôt un garçon mince et élancé ».
Motivé par certains éléments d’attrait sur une fille qu’il aime, Albert LACTIS, élève de son état, témoigne comment il s’est fait convaincre pour se ( taper) sa (chérie) : « J’ai vu une très belle fille, elle m’a attiré. Je me suis dit qu’elle me méritais. Elle est un peu brune. Elle avait une coiffure en mèches (plantes). Elle était encore un peu élancée, maintenant elle m’encadre très bien. Il y a de fois qu’on se promène ensemble sans se gêner».
De fois, le visage et les habits ne sont pas les traits uniques qui frappent la vue de certains jeunes. C’est l’exemple de Naomie NEMETE, une jeune femme habillée en blouse blanche et pantalon jeans bleu. Elle dévoile son secret: « Souvent je n’apprécie pas les aspects physiques. Un homme peut me draguer, mais je ne peux pas compter sur son aspect physique, par ce qu’il peut être beau mais sa façon d’être ne me convainc pas. Si je découvre qu’un homme n’a pas un bon comportement, je romps directement ».
Jacques BAHATI, un jeune garçon, réagit en étayant « Il faut toujours aimer celle qui t’avait d’abord aimé, car au fil de temps les éléments tels que la taille d‘oignons et autres peuvent changer, mais comme je l’avais au préalable aimé, cela ne peut m’influencer.»
La beauté est relative
Des questions comme « Que veulent les garçons concrètement choisissant leurs amies ?» ont été posées par certaines filles curieuses de vouloir se taper de place de préférence des garçons. Invité pour la circonstance, le sociologue et chef de travaux enseignant à l’université de Goma, Jean Pierre KING KYEMBWA de son nom de scène ‘’MUPENDA RAHA’’ accorde que ces jeunes ont raison de justifier leur choix par ces différents éléments qui ont trait au physique.
En réponse et s’exprimant en swahili mélangé au français, plus souriant, tête rasée à calvitie et habillé en style de t-shirt blanc, pantalon noir et aux chaussures blanches, le sociologue, expérimenté en sexualité familiale, indique que : « La question de beauté ou d’appréciation physique ne se discute pas. Elle est relative et elle dépend d’une culture à une autre, d’un milieu à un autre, d’une époque à une autre d’où les appréciations diffèrent ». Selon lui, plusieurs traits physiques entrent en contribution pour attirer ou se faire admirer. C’est par exemple les regards des yeux, la forme du nez, le cou allongé ou court, les seins (petits ou gros), la forme du thorax, des biceps et des fesses dites localement « carrosseries ou suites logiques », etc.
Jean Pierre KING KYEMBWA, note néanmoins que tous les hommes et femmes ne remplissent pas toujours tous les critères d’apparence pour être admirés et aimés. D’où son conseil aux jeunes de vivre l’estime de soi et de se sentir fier de sa nature de création afin de participer au développement personnel.
« Je m’engage à bien aimer et non à convoiter », « je m’engage à être toujours exemplaire et avoir un bon comportement » et « je m’engage d’aller dire dans la communauté que la beauté dépend de celui ou celle qui choisit », « je m’engage d’aller dire aux filles de ma communauté qu’elles sont toujours belles », ont respectivement décidé quelques participants avant la fin de la séance.
Flomaga MAHORO, se considérant à l’avance « très laide » (de ses propres mots), se dit à l’issue du débat qu’elle est maintenant positive. « Moi, je m’estime très bien encore. Je me sens très belle encore. C’est très gentil car cette séance m’a fort aidé et je réalise que Dieu m’a donné au moins quelque chose de beau sur mon corps », témoigne-t-elle sincèrement à notre micro.
D’autres participants ont suggéré vers la fin que soient tenues prochainement des séances notamment sur les conséquences de grossesses précoces chez les filles et les garçons et l’abstinence sexuelle. Ils ont ainsi recommandé à l’organisateur d’apprêter régulièrement des experts en santé sexuelle et reproductive en les rapprochant de la population pour débattre de tels sujets liés à la jeunesse.
Gédéon MUHIND
Journaliste à la Radio Sauti ya Injili/ Goma.