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Des femmes déplacées exposées aux maladies.

Les femmes partagent les mêmes installations hygiéniques avec les hommes, des toilettes de fortune fortement sollicitées suite au nombre élevé des utilisateurs. C’est dans les camps des déplacées au Nord-Kivu, où des femmes et enfants sont exposés à multiples maladies pendant qu’ils essaient de se mettre à l’abri des combats opposant l’armée gouvernementale du Congo et les miliciens du M23.

Huit journalistes déployés par le Collectif des Radios et Télévisions Communautaires du Nord-Kivu, Coracon sont arrivés au même constat après une investigation. L’enquête a été menée pour soutenir la voix des femmes à l’occasion de 16 jours d’activisme contre les violences sexuelles et les violences basées sur le genre à l’égard des femmes et des filles.

A travers les résultats de cette recherche le Coracon attire l’attention du monde sur les conditions de vie des femmes et des filles déplacées à cause des conflits armés récurrents au Nord-Kivu. Selon le gouvernement congolais, c’est environ 300 mille personnes qui ont quitté la zone contrôlée par les rebelles du M23 par peur d’exactions ou les dommages collatéraux. Les déplacés qui ont trouvé asile dans le Territoire de Nyiragongo sont regroupés pour la plupart dans des camps tel celui de Kanyaruchinya (7 km au nord de la ville de Goma) où les conditions d’hygiène ne répondent pas aux besoins spécifiques des femmes malgré la prise en charge proposée par les organisations humanitaires et le gouvernement.

Dans le camp situé à l’école primaire Mboga de Kibati et celui du centre Don Bosco Ngangi, le journaliste Fiston MUHINDO de la Radio Tayna a participé à l’enquête et fait part des conditions de vie très difficiles de ces déplacés : « Dans les camps j’ai vu des poubelles géantes non évacuées avec des matières en putréfaction devant les baignoires ou devant les latrines.  Les femmes passent la nuit à la belle étoile ou sous des tentes faites des moustiquaires à mailles transparentes n’offrant aucune intimité ». Une de ses interlocutrices au moment de l’enquête a confié au journaliste que des cas d’infections urinaires se produisent déjà chez certaines femmes dans ces sites.

Par ailleurs, les femmes, les enfants, les hommes se partagent les mêmes latrines et salles de bains. Les femmes utilisent des linges usés pour l’hygiène menstruelle, ce qui expose à divers germes microbiens. Témoignage d’une femme déplacée: « Nous lavons ces linges issus de nos anciens pagnes et après, nous les étalons au soleil pour que nous les réutilisions prochainement car nous n’avons pas d’argent pour nous payer de bandes hygiéniques adaptées. »

Les combattants du Mouvement du 23 Mars sont un groupe rebelle qui mène des combats contre l’armée de la RD Congo depuis le mois de juin 2022, ils ont réussi d’assiéger plusieurs localités des territoires de Nyiragongo et Rutshuru. Le mouvement est composé d’ex-rebelles du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) réintégrés dans l’armée congolaise à la suite d’un accord de paix signé le 23 mars 2009 à Goma, qui selon eux n’a pas été bien respecté.  Les Nations Unies ont déclaré que ces rebelles sont soutenues par le Rwanda tout en conservant confidentiel le rapport d’enquête au sujet de cette relation du pays de mille collines avec le M23.

Pendant que les femmes déplacées suite à la violence lancent leur cri d’alarme pour bénéficier d’une assistance plus équitable, la solution durable à toute cette souffrance est également évoquée, « il faut mettre fin à ce conflit inutile afin de voir tout le monde regagner son domicile ». Dernièrement les Etats-Unis, la France et l’Allemagne ont demandé à Kigali de cesser tout soutien à la rébellion tout en encourageant les démarches diplomatiques et politiques amorcées à Luanda ainsi que les pourparlers de paix entre le gouvernement congolais et les groupes armés qui se sont déroulés à Nairobi.

La rédaction