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Lucette SOKI MULEKYA, initiatrice de l’organisation locale « Femme pour la Paix », donne quelques stratégies pour une paix durable au Nord Kivu. Photo: CORACON.

Briser les barrières identitaires

CORACON encourage la cohabitation pacifique des peuples malgré leurs différentes appartenances ethnique ou tribale. C’est la raison de la campagne « ma radio et moi, nous voulons la paix en 2022 ». Au cours de cette activité, le micro du Coracon a été donné à Lucette SOKI MULEKYA, coordinatrice de l’organisation locale « Femme pour la Paix » à Goma sur les stratégies capables d’instaurer et renforcer la cohabitation pacifique dans la province du Nord-Kivu.

Selon elle, certains citoyens se présentent par leurs prénoms ou par leurs noms en swahili pour ceux qui en ont, pour qu’on ne dévoile  pas leur tribu, lors des activités qui réunissent beaucoup de personnes.

Lucette pense que si l’on veut construire une vraie paix et consolider la cohabitation pacifique entre les communautés de la province du Nord-Kivu, cacher son deuxième nom n’est pas une bonne chose en soi. Chacun devrait se sentir fier d’appartenir à une culture, une tribu différente de l’autre car pour Lucette, cela n’est pas un tabou.  Son entretien avec Viviane BISIMWA est à suivre ici.

Journaliste : Lucette SOKI MULEYA, vous êtes activiste des droits humains et promotrice de la cohabitation pacifique, dites-nous, pourquoi vous mettez un accent particulier sur la cohabitation pacifique dans votre lutte ?

Invitée : Ce qui me motive à mettre un focus sur la cohabitation pacifique, c’est l’insécurité que traverse notre province du Nord-Kivu depuis des années. Cette insécurité pousse au tribalisme. Les plus touchés sont des femmes et des enfants. C’est pourquoi nous nous sommes décidé d’agir en tant que société civile, sans arme pour que nous puissions apporter notre pierre à l’édifice pour la recherche et la consolidation de la paix et la cohabitation pacifique dans notre province.

Journaliste : Ça fait combien de temps que vous êtes activiste dans la cohabitation pacifique ?

Invitée : Depuis 2016, lors des élections. Les esprits des gens étaient surchauffés. Les gens voulaient à tout prix voir le changement. Cela les a poussés à devenir plus agressifs qu’en période normale.

Journaliste : Selon votre expérience avec Femme pour la Paix, pouvons-nous dire que c’est le tribalisme qui est à la base de l’insécurité en province du Nord-Kivu ?

Invitée : Dans certains cas oui. C’est comme par exemple en territoire de Rutshuru où quand il y a tueries, des communautés ont tendance à s’indexer mutuellement. D’un coup, des communautés ont tendance à créer chacune sa milice pour l’autodéfense.

Journaliste : Individuellement ou collectivement, quelles sont vos actions concrètes dans le cadre de la cohabitation pacifique. 

Invitée : Nous organisons des mutuelles d’épargne, pour aider les jeunes et les femmes à devenir autonomes financièrement. Nous leurs apprenons aussi certains travaux professionnels. A part ça, nous organisons aussi en leur faveur, des séances de sensibilisation.Nous faisons ça, car nous avons réalisé que dans la plus part de cas, les tireurs de ficelles abusent de la pauvreté des jeunes et des femmes. Ils achètent leurs consciences en échange d’argent.

Journaliste : Quelle peut être la part de la population pour une bonne cohabitation pacifique ?

Invitée : Les membres de la communauté doivent apprendre à s’accepter et accepter les autres. Par s’accepter, je voulais signifier être fier de ce que l’on est, de ses origines. Dans notre communauté j’ai vu des gens qui ne veulent pas donner leurs noms au complet, ils citent simplement leurs prénoms, par peur qu’on ne dévoile leurs origines.  Non, c’est une très mauvaise stratégie de cohabitation pacifique ! Chacun doit être fier de ce qu’il est. Nous devons savoir que celui qui est différent de lui, a obligatoirement quelque chose à lui ajouter.

Journaliste : Quel est votre souhait pour l’an 2022 ?

Invitée : Je souhaite pour l’an 2022 que chaque congolais soit fier de sa tribu. Que personne ne cache son nom pour se sentir en sécurité. Que le gouvernement nous garantisse aussi la sécurité, car c’est elle la première source des conflits interethniques.

Journaliste : Lucette SOKI MULEKYA, merci d’avoir répondu à nos questions !

Invitée : C’est à moi de vous remercier Viviane BISIMWA.

La rédaction du CORACON.