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Les élèves et leurs encadrants pratiquent un jeu d'énergie au cours du séminaire pour reprendre le souffle.

Les élèves de la Rd Congo et du Rwanda à l’école de la non-violence.

Plus besoin d’assister aux scènes de violence dans notre école. Nous sommes soulagés que nos élèves résolvent eux-mêmes les conflits entre eux ainsi que les conflits qui les opposent à leurs enseignants. Ceci grâce aux clubs de paix dans notre école. C’est ainsi que l’enseignante Odile Masilia se montre rassurée. Cette éducatrice de l’institut Igoki de Kabare en province du Sud Kivu l’a dit au sortir du séminaire qu’ont organisé les coordinations des écoles protestantes du Rwanda et de l’Est de la RD Congo du 06 au 09 Mai 2024 dans la ville de Bukavu.

Pour mieux expliquer, son sentiment de soulagement, Odile nous a livré le témoignage ci-après : « Dans notre école, le club de paix est très bénéfique car grâce à lui, les élèves connaissent déjà les valeurs et les antivaleurs, les droits de l’homme et comment vivre en harmonie avec les autres. On enregistrait jadis des vols de stylos et autres fournitures scolaires qui se soldaient par des bagarres, parfois des blessures voire le renvoi de certains élèves. On assistait aussi aux frustrations chez certains élèves suite aux humiliations (violences verbales et psychologiques) de la part de certains enseignants. Les élèves victimes de ces violences s’en prenaient de fois violemment aux enseignants qui en étaient auteurs. Actuellement notre club de paix arrive à résoudre pacifiquement tous ces conflits et d’autres semblables. En plus, grâce à cet atelier, nous venons de bénéficier de nouvelles connaissances dans l’organisation du club de paix. Nous venons d’apprendre qu’il est possible de créer autant de cellules dans un club selon le contexte, c’est par exemple la cellule du genre. On vient de nous rappeler que cette nouvelle cellule va permettre aux élèves filles de s’impliquer aussi dans la résolution pacifique de conflits, car nous avons constaté que les filles sont très moins représentées dans les cellules de notre club de paix ».   

Ce séminaire a été organisé dans le cadre du programme « Education de qualité ».

Selon Jean Kasereka Lutswamba, chef du département de l’enseignement de la Communauté Baptiste au Centre de l’Afrique, CBCA en sigle, et responsable du programme « Education de qualité », cette rencontre va permettre de briser des préjugés entre les peuples de la RD Congo et ceux du Rwanda.  « Nous n’avons même pas besoin de dire un mot, le fait que les élèves venus de différentes zones sont invités ici, ils vivent ensemble, ils collaborent cela fait tomber beaucoup des préjugés ». Par exemple avec la crise diplomatique actuelle, les enfants de la RD Congo croyaient que tout rwandais est mauvais, mais cette expérience de participer ensemble à l’atelier va aider ces enfants à changer de perception face à leurs camarades venus du Rwanda et vice versa.

« Quand je parle de ce projet et ses objectifs aux gens, ils me demandent si nous pensons que notre projet sera en mesure de changer la façon de voir les choses, vu le contexte de guerre qui pousse aux soupçons, accusations et méfiances entre les peuples de la région des Grands Lacs, et moi j’ai toujours répondu que nous semons une graine et que nous n’avons pas besoin de voir le changement souhaité en un clin d’œil, que nous sommes convaincus que tôt ou tard cette graine finira par pousser et produire de bons fruits, même 10 ans après, cela pourra contribuer à la cohésion sociale», ajoute Kasereka Lutswamba.

Il est à noter que la création et la consolidation des clubs de paix dans les écoles est parmi les activités phares du projet. Les membres de ces clubs sont les élèves et les enseignants formés dans la prévention et la transformation des conflits. Pour Jean Lutswamba, ces clubs constituent le plus grand succès du projet car au niveau de l’école primaire, les enfants sont initiés à la culture de la non-violence et ils l’appliquent déjà.

Pour le pasteur BIZIMANA Jérôme du Rwanda, le conflit ne doit pas être dramatisé : « Il y a des gens qui prennent le conflit comme un péché mais il faut qu’ils sachent que le conflit est normal. Ce que nous devons apprendre aux enfants et à la population d’une manière générale, c’est comment résoudre le conflit sans pour autant recourir à la violence. Il en va de même pour nos dirigeants, ils doivent savoir que même les conflits entre Etats peuvent aussi se résoudre d’une manière pacifique. Je pense que ce projet est très important, car ces enfants que nous formons aujourd’hui deviendront des dirigeants de demain, et ce qu’ils apprennent aujourd’hui sera bénéfique pour toute la communauté ».

Le programme éducation de qualité intègre l’éducation à la paix, le genre et l’éducation inclusive. Ce programme a commencé en 2017 et travaille avec les écoles protestantes maternelles, primaires et secondaires du Nord et Sud Kivu en RD Congo et celles du Rwanda. C’est un projet appuyé par l’agence du développement de l’église protestante de l’Allemagne, Pain Pour Le Monde.

La rédaction du CORACON.