Pour protéger les fidèles contre la Maladie à Virus Ebola (MVE), l’église Catholique interdit la poignée des mains. La pratique de se serrer les mains intervient généralement pendant l’étape liturgique dite « paix du Christ», une expression de fraternité et d’amour entre les fidèles.
Quels défis rencontrent les responsable de l’église face à ce changement. L’Abbé Chancelier JACQUES LETAKAMBA du Diocèse de Goma nous en parle dans un entretien avec le journaliste Daniel MAKASI de la Radio Tayna à Goma.
INTERVIEW
Tayna: Abbé Jacques LETAKAMBA, nous vous recevons dans ce magazine pour parler de l’épidémie à virus Ebola. Quelle a été la motivation à interdire à se serrer la main ?
LETAKAMBA: Tout d’abord c’était la motivation de l’évêque en rapport avec cette maladie qui est considérée comme une maladie très grave. Et donc pour éradiquer cette maladie, il fallait absolument que tout le monde adhère à cette proposition internationale de pouvoir ne pas se saluer, ne pas se serrer la main. C’est ainsi que l’initiative a été prise par son Excellence Monseigneur l’Évêque Willy NGUMBI NGENGELE de pouvoir faire en sorte qu’à l’église l’on ne puisse pas serrer la main. Par contre, l’on puisse se saluer soit par des regards, soit par des inclinaisons, soit par des courbettes. Même sans rien faire pourvu que ce geste-là soit quand même un geste intérieur que par un geste extérieur.
Tayna : Abbé Jacques, quelle a été la réaction des fidèles au moment de la réception du message ?
LETAKAMBA: La réaction était positive et même encouragée par les chrétiens. J’imagine que tout le monde l’a saluée et l’a vraiment acceptée de tout cœur.
Tayna: vous avez fait mention des courbettes, d’échanges de regards comme alternative de se serrer la main. Aujourd’hui, comment cela se passe ?
LETAKAMBA: Vous savez, au départ, c’était un peu compliqué. Parce que vous savez, il y a des habitudes qui font qu’on pose un geste sans réfléchir. Mais après, quand on doit vraiment réfléchir sur le geste en question en commençant par l’entrée à l’église où il faut se laver les mains et puis par de l’eau chlorée que l’on proposait toute l’esplanade de l’église on comprend très bien que les gens avaient commencé à prendre conscience de l’acte à poser avant, pendant et même après l’église. C’est vraiment un acte qu’on a pu incarner au fur et à mesure que les gens prenaient au sérieux cette maladie.
Les gestes habituels
Tayna: Dans la culture africaine, les gens pensent très souvent que pour se saluer, le geste qu’il faut faire c’est se serrer la main. Quel point de vue formulez-vous au sujet de ces habitudes africaines ?
LETAKAMBA: Vous savez, l’on ne peut pas alléguer comme argument habitude, coutume, culture quand on est en face d’une maladie qui est considérée comme très grave, contagieuse et en même temps une hémorragie qui peut décimer facilement toute une population. On est en face d’une réalité qui nous dépasse.
Aujourd’hui, l’on doit prendre les choses au sérieux parce que quand même les victimes sont nombreuses.
Tayna: Quand est-ce que l’on penserait remettre cette pratique de se serrer la main pendant le temps d’échanger la paix du Christ au cours de la messe ?
LETAKAMBA: Du moment que la santé, pour ne pas dire le système qui est chargé de pouvoir annoncer la fin de la maladie ou l’éradication de la maladie, ne l’a pas encore annoncé, donc là, il faut encore attendre même si au niveau de Goma il n’y avait qu’un seul cas, le cas est passé et il y a eu même des guérisons donc nous sommes très heureux de voir qu’il n’y a plus de nouveaux cas. Mais l’on ne peut pas déjà se permettre de dire voilà il n’y a plus de cas, on peut déjà commencer à se serrer les mains. Nous attendons des décisions fermes et solennelles au niveau des zones de santé locales.
Daniel MAKASI, journaliste à la Radio Tayna/Goma