
Florence MAKALIKALI est convaincue qu’une femme est capable de produire le travail de même qualité que celui produit par l’homme.
« Je puise cette conviction de mon expérience personnelle », déclare, la rédactrice en chef du bulletin Koma Ebola à Beni, une ville de la province du Nord-Kivu à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Koma Ebola est un bulletin quotidien qui donne des informations fiables pour sensibiliser la population sur Ebola. Ce virus qui cause une maladie dangereuse sévit à l’Est du Congo depuis presque deux ans. Florence MAKALIKALI est rédactrice en chef de Koma Ebola depuis le mois de février de l’année 2019. L’équipe qu’elle dirige compte une seule femme sur 14 hommes.
Avoir du courage
Comment devenir une rédactrice en chef ? Madame MAKALIKALI donne un conseil aux femmes : « Il faut bien étudier et bien se concentrer aux études. Moi je suis graduée en sciences de l’information et de la communication. » Elle pense aussi qu’il faut avoir le courage de postuler pour certains postes. Elle en a eu parce que « j’avais le niveau d’étude recommandé ». En plus, « si je maintiens ce poste jusqu’à présent, c’est parce que mes chefs et les personnes avec qui je travaille sont satisfaits du travail que je produis », ajoute Florence MAKALIKALI.
Au Congo ce n’est pas évident qu’une femme devienne rédactrice en chef. Beaucoup de femmes occupent des positions de haut rang dans le domaine de médias. Pour changer cette situation CORACON participe dans la campagne « Média for Women » qu’organise son partenaire FreePressUnlimited, une organisation Néerlandaise qui accompagne le travail des médias dans plusieurs pays. Cette campagne vise à promouvoir la femme dans et par les médias.
Les stéréotypes au sujet des femmes
Florence MAKALIKALI est bien placée pour être présentée dans le cadre de cette campagne. Elle connaît bien les défis. « Généralement dans notre culture, les hommes pensent que les femmes sont faibles. Quelques fois, certains hommes que je dirige ne digèrent pas bien le fait que c’est moi qui suis femme qui les dirige » raconte-t-elle. Selon cette rédactrice en chef, les hommes manifestent leur mécontentement quelque fois par la résistance de ne pas adapter le travail selon ses orientations. Mais il y a aussi d’autres défis, comme par exemple l’insécurité ou la coupure de la connexion internet. « Je réfléchis sur les pistes de solution. J’applique aussi la bonne communication avec ma hiérarchie et les membres de l’équipe pour savoir l’attitude à adopter pour tous les membres de l’équipe. Grace à ma façon de faire, j’arrive à me faire accepter, » affirme-t-elle.
Les perceptions de ses collègues
KAWA NGOY Eric, correspondant du bulletin Koma Ebola est content avec sa cheffe : « Nous apprécions le travail qu’abat Florence. » Mais il se demande pourquoi elle n’entraîne pas aussi d’autres femmes pour qu’elles deviennent aussi fortes comme elle. « Personnellement je pense que ça, c’est une faiblesse de sa part », dit-il.
« Les femmes qui veulent nous emboîter les pas, doivent venir vers nous pour demander conseils. Si les préjugés portés à l’égard de la femme dans notre société les limitent, elles pourront étudier mais ne mettront jamais en application ce qu’elles ont appris à l’université », conclut Florence MAKALIKALI.
KAPANZA SON, correspondant au magazine CongoSynthèse