La femme est capable

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Adelard MINEENE, promoteur du groupe de presse Mishapi Voice Tv à Goma en plein service. Photo: Camile KITOKO.

La femme est moins représentée dans des entreprises médiatiques en province du Nord-Kivu. La faible représentativité se remarque dans les instances de prise de décisions. Cette situation serait une conséquence de plusieurs facteurs dont la culture.

Depuis des années, la femme était limitée à certaines tâches comme donner naissance, prendre soin de son foyer et aller au champ. Certaines personnes pensaient que placer une femme à un poste de prise de décisions dans une entreprise impacterait négativement à l’avancement des affaires. Mais depuis un  certain temps, les femmes commencent petit à petit à travailler en dehors de leurs foyers et occupent des postes de haut rang.

En République démocratique du Congo (RDC), il s’observe une faible représentativité féminine dans le monde médiatique. Certaines femmes graduées ou licenciées en journalisme préfèrent embrasser d’autres carrières que de travailler dans une station radio ou télévision après leurs études. Le non payement de salaires dans certains médias serait l’une des causes de cette rareté des femmes dans ce domaine.

Coracon en partenariat avec FreePressUnlimited, une organisation des droits Néerlandais, basée au Royaume de Pays Bas, a organisé une série d’activités avec quelques professionnels de médias et acteurs de la société civile en marge de la campagne « Media For Women (M4W)» à Goma. Cette campagne vise à promouvoir la femme dans et par les médias en RDC. M4W a été célébré cette année sous le thème : «Défendre les droits des femmes dans les médias »

Est-ce qu’il existe un média au sein duquel les femmes occupent les postes de prise de décisions ?

Nous avons approché monsieur Adelard MINEENE, promoteur du groupe de presse Mishapi Voice Tv, basée à Goma. Dans cet organe de presse  constitué d’une chaine de télévision et une station radio, la plupart des postes de prise de décisions sont occupés par la junte féminine. Les programmes, les informations, la technique, les ressources humaines et les finances sont chapeautés par les femmes.

Pourquoi nommer les femmes aux postes de prise de décisions dans une société où l’on met en doute les compétences de celle-ci ?

« Quand une femme décide de se mettre au travail, elle le fait très bien et j’ai trouvé du sérieux dans ce qu’elle fait. Celles qui sont mariées et mères des enfants sont beaucoup plus engagées dans leur façon de travailler. J’ai décidé de me faire entourer des femmes en tant que proches collaboratrices car les résultats du travail fourni par ces dernières ont permis à la société que je  chapeaute d’émerger. »

Mon expérience

Il ajoute en disant : « Sur ce coup aussi, je ne compte pas changer cette stratégie où que je sois. Si je deviens ministre, gouverneur ou président, mon entourage sera majoritairement féminin. Je n’ai jamais regretté d’avoir placé les femmes à ces postes. Néanmoins, un déséquilibre s’observe en cas du congé de maternité. A ceci s’ajoute  certaines urgences familiales qui nécessitent la présence de la femme à la maison, elles sont obligées de sacrifier le travail. Ici je cite par exemple, » quand les enfants tombent malade ». Je ne partage pas le même avis avec ceux-là qui dissent que les femmes ne font pas avancer les choses si elles occupent de grands postes » nous a révélé Adellard MINEENE.

Il invite les autres responsables d’entreprises dans tous les domaines, d’expérimenter en nomment la femme aux postes de prise de décisions.

La satisfaction

Innocent BISHORHULA et Sarah MURAYA, respectivement journaliste à Mishapi Voice Tv et modulatrice dans ce même organe de presse. Selon eux, les femmes placées aux postes de prise de décisions dans leur organisation leur rendent des bons services. Ils disent être satisfaits et impressionnés par leur travail, contrairement à la perception qu’ils avaient au paravent sur la femme. « Les femmes à la tête des différents départements de notre direction,  relèvent mieux les différents défis liés au travail comparativement aux hommes  qui jadis occupaient ces postes. » ont-ils ajouté.

Marie Noël KABUYA, est l’actuelle directrice des informations au sein de Mishapi Voice Tv  deux ans déjà. Pour elle, le plus grand défis en tant que femme à un poste de responsabilité, c’est de se faire accepter en tant que femme responsable par  ses collègues hommes et par ses subalternes.  « Quand on nomme une femme à un poste de responsabilité, certains disent qu’elles sont trop capricieuses. Quand je participe aux réunions des cadres, certains hommes pensent que c’est l’homme qui doit commencer par s’exprimer et que c’est son avis qui doit être pris en compte au détriment de celui de la femme. Quand je prends la parole, je les persuade tous. De fois ils s’étonnent que la femme puisse avoir aussi d’excellentes idées. Devant les défis, j’ai toujours mis mes compétences en jeu pour les surmonter. »

Un accompagnement continu

Pour aider d’autres jeunes femmes journalistes à émerger, Marie Noël KABUYA dit leur servir d’abord de modèle dans la productivité. Elle les approche  et les écoute  attentivement surtout quand il faut leur donner des orientations par rapport à leurs prestations. Parfois elle les invite aussi à partager un repas au restaurant pour parler de leurs points forts et les encourager à améliorer leurs prochaines prestations. Elle ajoute qu’elle les protège aussi au cas où elles reçoivent des découragements de la part de leurs collègues hommes.

Désanges KIHUHA, journaliste