Arrête toi Ebola !

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Nathan MALOLERO, fils de Pascal MALOLERO, directeur de la radio Moto Oicha, pratique aussi les règles d’hygiène. Photo: Pascal M.

Bouter dehors la maladie à virus Ebola au Nord Kivu, c’est la préoccupation des radios membres du Collectif de Radios et Télévisions Communautaires du Nord Kivu. Ces radios diffusent des messages de sensibilisation pour obtenir un bon comportement de la population face à cette épidémie. Elles informent jour et nuit sur l’évolution de la riposte contre Ebola, à travers la musique et les spots.

Les radios diffusent du lundi au vendredi, les bulletins d’informations complètes sur la riposte contre Ebola. Il peut s’agir des informations sur la vaccination, des activités de décontamination, de l’enterrement digne et sécurisé et de la sortie de certaines personnes guéries du Centre de Traitement Ebola.

La maladie à virus Ebola a été déclarée à l’Est de la République Démocratique du Congo depuis le 1er Aout 2018. Cette maladie a fait son apparition dans le village de Mangina de la partie grand Nord de la province du Nord Kivu. Le nombre des cas de décès et de contamination continuent d’être signalés.

Situation épidémiologique

Selon les autorités sanitaires de la RDC, on compte, jusqu’à ce jour 2.713 cas de maladie Ebola, dont 2.619 confirmés et 94 probables. Au total, il y a eu 1.823 décès et 782 personnes guéries. Les pays voisins, l’Ouganda et le Rwanda notamment, sont en état d’alerte  et ont disposé aux frontières avec la RDC des mesures d’hygiène rigoureuses.

Malgré tous ces efforts, 4 cas d’Ebola ont déjà été déclaré à Goma. Face à la croissance que prend cette épidémie dans le grand Nord, pouvons-nous conclure que les médias n’ont pas bien joué leurs rôles quelque part ?

Voici les opinions de quelques responsables des radios communautaires de Beni, Butembo, Goma et Rutshuru.

John KORAHO, directeur de la radio Alliance de Rutshuru : « Non, les médias jouent leurs rôles, mais il faut l’implication de toutes les autres parties prenantes pour que l’action des médias soit efficace. »

Les raisons de contamination

Kennedy WEMA, directeur de la radio Soleil de Butembo : « La contamination de plusieurs personnes n’a rien à voir avec le rôle des médias dans la riposte. Franchement. C’est une question sociale et anthropologique qui touche la politique et l’économique. Les médias jouent bien leurs rôles. Il faut trouver les raisons de l’inflation de la maladie ailleurs. »

Ricardo RUPANDE, directeur de la radio Rwenzori Voice de Mutwanga, a une autre façon de voir les choses : « Non, les médias ont été impliqués avec retard dans la stratégie de la riposte contre Ebola. Ils jouent bien leur rôle. D’ailleurs, le peu de résultats obtenus ces jours dans plusieurs milieux du Nord-Kivu et de l’Ituri se justifient par une grande contribution des médias. Si les médias avaient été impliqués dans la stratégie dès le début, la riposte aurait déjà son succès. »

Jacques KIKUNI, directeur de la radio Mungano à Beni : « Pas du tout, ce n’est pas le problème des médias mais plutôt de la politisation de la maladie et la désinformation sur Ebola.»

Les défis des médias

Jacques VAGHENI, directeur de la Radio Tayna de Goma : « Les médias doivent se sentir concernés par tout le processus de la lutte contre la maladie. Il faut adapter la façon d’informer et de communiquer sur la maladie en fonction du contexte qui évolue. »

Philippe MAKOMERA, chargé de programmes de la radio Moto Butembo Beni de Butembo : « C’est tout le contraire, depuis, les médias sont sur la première ligne dans la riposte. Ils accompagnent les activités de la riposte avec détermination et engagement. Seulement nous reconnaissons que dans certains airs de santé, les malades se cachaient au de se dénoncer. Aujourd’hui ils commencent à voir leurs erreurs. Ça fait que les cas augmentent dans certains airs de santé. »

Ces responsables de radios se heurtent à plusieurs difficultés dans la lutte contre cette maladie. L’accès aux sources d’information, les moyens rudimentaires affectés à la collecte des informations. La coordination ne veut pas que les experts parlent dans les médias sur la maladie sans l’aval des responsables à Kinshasa.

Pour surmonter ces défis, il faut selon eux, impliquer les différents acteurs communautaires dans la sensibilisation. Il faut aussi chercher le partenariat avec quelques organisations qui sont dans le secteur de la lutte afin de donner aux radios plus de moyen à investir dans ce programme.

Gracias MWANZA