Zéro grossesse précoce chez les jeunes

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Une jeune femme s’exprime sur les causes et conséquences des grossesses précoces dans une table ronde. Photo: Coracon.

Accéder aux contraceptifs, c’est un défi pour les jeunes adolescents en République démocratique du Congo. Certains parents ne sont pas d’accord que les jeunes utilisent les méthodes contraceptives. Ils estiment que ces méthodes favorisent la prostitution des adolescents. En outre, les églises insistent que l’utilisation de ceux-ci est un péché. Ce qui fait que certains jeunes pratiquent les rapports sexuels non protégés.

Quelques adolescentes utilisent les contraceptifs en cachette, sans savoir comment les utiliser correctement. Dans la culture congolaise, si une jeune fille de 13 à 17ans tombe enceinte, elle n’est plus acceptée à l’école. Elle est abandonnée à son propre sort Contrairement au jeune garçon, qui lui, va continuer avec ses études.

D’après le rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé, près de 16 millions d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans accouchent chaque année dans le monde.

Au cours de la sixième édition du festival Amani tenu à Goma, les jeunes ont échangé sur les causes et conséquences des grossesses précoces chez les jeunes filles. Le festival réuni   plusieurs cultures et attire beaucoup des jeunes. Danses et musiques sont au rendez-vous. Coracon en collaboration  avec FreePressUnlimited a profité de cette occasion pour organiser une table ronde radiophonique avec les jeunes. Un parent et un médecin étaient présents pour éclairer les opinions des jeunes festivaliers. Voici leurs réflexions :

Causes des grossesses

Eliezer ATANAZE, un jeune festivalier : « Ce qui occasionne les grossesses précoces chez les jeunes, c’est d’abord le manque d’informations correctes dans leurs environnements. »

Amina BASHOKA, festivalière : « Lorsqu’une fille tombe enceinte son premier réflexe est d’avorter. Et si elle fait, elle a 90% de mal chance de mourir et tous ces rêves seront brisés complètement.»

Devoth WASSO, jeune festivalière : « Selon moi, les filles ne sont pas informées, en RD Congo parler des méthodes contraceptives, de la sexualité est un tabou, et l’église nous interdit l’utilisation des contraceptifs et nous impose l’abstinence. Je pense que c’est toutes ces situations qui sont à la base des grossesses précoces chez nous les jeunes. »

Alphonsine BITEHI, aussi festivalière : «  Pour moi, les grossesses précoces en milieu des jeunes sont une conséquence de l’irresponsabilité des parents, dans le sens où ils ne répondent pas correctement aux besoins de leurs enfants et d’autres parents n’accordent pas des moments de loisirs à leurs filles. Les filles cherchent toujours des prétextes pour sortir de la maison et si elles ont une occasion de faire les rapports sexuels avec leurs copains, elles en profitent.»

Ruth KAFMBIRI, festivalière : « Les conséquences sont nombreuses, quand une fille tombe enceinte à l’âge de 16 ans par exemple, elle va d’abord arrêter les études et la famille va la renvoyer de la maison. Elle sera peut-être obligée de rejoindre son petit ami et dans la bel famille on va la maltraiter ce qui peut occasionner l’avortement. »

Brave KAFUMBIYE, jeune garçon : « Les jeunes filles tombent prématurément enceinte, premièrement par ce que les parents ne communiquent pas avec elles sur les questions de la sexualité et reproductive. Si une telle fille vient me voir, je vais d’accord profiter de son ignorance, faire avec elle tout ce que je veux et l’informer par la suite sur la sexualité. Dans ma famille, on n’aborde pas des sujets liés à la sexualité, mes parents utilisent souvent des langages codés pour parler d’un pareil. »

Teccla MAROYI, jeunes festivalière : « Les conséquences d’une grossesse précoce chez la jeune fille peut se remarquer par le stress, le rejet de la famille, elle se sent humiliée. Dans la culture congolaise, une fille tombée enceinte c’est une honte pour toute la famille, ce qui fait que certains parents jettent leurs filles dehors. Le jeune garçon n’est pas épargné par ce qu’il risque d’être emprisonné et il sera aussi chassé de chez lui. »

La misère de certains parents

Denis MUNIHIRE, vice-président provinciale de l’Association Nationale de Parents du Congo, (ANAPCO) : « La cause de grossesses précoces chez la jeune fille est due à la misère des parents, mais aussi le gouvernement ne s’occupent pas des parents pour leurs permettre d’assumer comme il le faut leur responsabilité envers leurs enfants en donnant aux parents de l’emploi avec un salaire suffisant. Lorsqu’un jeune constate que ses parents ne sont pas en mesure de répondre à ses besoins primaires, il s’engage dans des aventures en ne sachant pas les conséquences qui peuvent en découler.»

Michael KAKULE, médecin : «Au lieu de s’entre accuser, il faut chercher des solutions, et parmi les solutions, je pense qu’il faudrait donner un accès libre aux jeunes d’utiliser les contraceptifs et cela gratuitement. Que les églises autorisent les jeunes d’utiliser les méthodes contraceptives pour protéger leur santé au lieu de les interdire pour rien. Avant d’utiliser un contraceptif, les jeunes doivent se diriger aux centres de santé sur lesquels on écrit ‘planning familial’ pour qu’ils soient bien orientés.»

Gracias MWANZA