Parler de la sexualité en famille, qu’en disent les parents ?

Une discussion dans le club d’écoute. Photo: CORACON

La sexualité est un sujet tabou dans la société congolaise. Dans certaines familles, parler du sexe c’est un manque du respect. CORACON facilite le dialogue entre les jeunes et les parents.

La plupart des jeunes s’interrogent sur tout ce qui concerne le sexe. Quelques-uns sont freinés par les attitudes de leurs parents. Cela les oblige à chercher des informations dans la rue, à l’internet. Ils trouvent des réponses à leurs questions qui sont quelques fois erronées.

Jadis, dans certaines cultures Congolaises, les parents attendaient que les jeunes atteignent la maturité. On les amenait en brousse pour qu’ils participent à l’initiation. Ce sont les sages du village qui apprenaient aux jeunes quelques travaux ménagers et leur prodiguait des conseils. Les hommes étaient séparés des femmes. La circoncision se faisait toujours pendant cette période de l’initiation. Ce sont les femmes qui formaient les jeunes filles. On leur apprenait aussi comment faire les travaux ménagers. Elles apprenaient la propreté du corps et comment prendre soin d’un homme. Ils en revenaient avec toutes les informations liées à la sexualité et à la vie quotidienne.

Dans le programme JeuneS3, le Collectif des Radios et Télévisions du Nord Kivu en collaboration avec Free Press Unlimited accompagne les jeunes à travers les formations. Ils ont quelques notions en journalisme. Ces jeunes produisent des émissions dénommées MAZUNGUMUZO YA VIJANA. Une émission qui donne des bonnes informations sur la santé, la sécurité et la sexualité des jeunes. Un groupe des personnes suivent régulièrement la radio, c’est le club des auditeurs. Ce club est composé des jeunes et parents. Ils se sont mis ensemble pour auditionner l’une de ces émissions et ont par la suite donné leurs points de vues. Tels que :

Olivier MWANZIR, un jeune garçon : « Je viens d’écouter avec beaucoup d’attentions l’émission MAZUNGUMUZO YA VIJANA. Selon moi, la sexualité c’est tout ce qui cadre avec le sexe et je ne vois aucun mal qu’on en parle en famille. »

Parler est important

Wivine BUSIKIRO, une mère de famille : « Après l’audition de cette émission, je peux dire qu’il est très important de parler de la sexualité à ces enfants en famille par ce que quand tu ne veux pas être franc avec tes enfants en matière de la sexualité, quand ils iront chercher des informations ailleurs, ils seront trompés facilement. Mon mari et moi, échangeons souvent avec nos enfants à ce sujet. »

Jeanne BIZINE, une jeune fille : « Parler de la sexualité en famille, ce n’est pas mal mais il faut savoir comment adapter les informations à donner à l’enfant par rapport à son âge. Pour le cas d’un enfant de 3 ou 4 ans, tu ne peux pas lui parler de la sexualité. Il peut te poser la question de savoir, son sexe joue quel rôle. A cette question, il faut tout simplement lui dire que ça nous permet d’uriner, c’est tout ! »

Pascal MIGIRO, père de famille : « À notre époque, nous n’avions pas la chance d’être informés sur la sexualité en famille dès le bas âge. Mais aujourd’hui, je pense qu’il est très important d’en parler à nos enfants. Moi, comme parent lors que je constate que mes enfants ont atteint l’âge de 10 ans ou plus, je donne la responsabilité à ma femme de parler uniquement aux filles et moi, je m’occupe de nos garçons. »

KAMBALE MAPENDO, un jeune garçon : « L’enfance est une phase de la vie pendant laquelle on se pose beaucoup des questions. Pendant cette période-là, l’enfant s’interroge sur tout et si les parents lui parlent de la sexualité, cet enfant aura toujours la curiosité de mettre en pratique tous ce qu’on lui dit pour vérifier si c’est la vérité. Il faut donner ces genres d’informations à l’enfant à partir de 18 ans. »

Montrer les conséquences

Cubain MATATA, un jeune garçon : « Je ne suis pas d’accord avec celui qui dit que l’enfant sera toujours tenté par l’idée de mettre en pratique tout ce qu’on lui dit. Moi, je pense qu’il serait mieux d’en parler à l’enfant tout en lui montrant les conséquences de tout acte qu’il posera avant son âge adulte. »

Patrice KISOKOLO, un jeune garçon : « La première fois que j’avais parlé à mon père au sujet de la sexualité, c’est le jour où j’avais invité ma petite amie à la maison et quand il nous avait trouvé ensemble il n’avait rien dit. J’ai amené ma copine dans ma chambre et nous avions fait ce que nous devrions faire et mon père s’était tue. C’est après trois jours qu’il m’appela pour me parler de la sexualité. En bref, je dirais que les parents aiment intervenir après les dégâts. »

Ether MWAMINI, une jeune fille : « Parler de la sexualité en famille ce n’est pas un tabou, mais les parents doivent savoir comment structurer l’éducation sexuelle en famille selon le sexe et l’âge des enfants. »

Gracias Mwanza